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mathias sandorf.

sa modeste maison, son intention étant de ne plus l’habiter.

Six semaines après, accompagnée de Borik, elle revint à Raguse pour terminer ses affaires, et, lorsqu’elle fut arrivée à la rue Marinella, elle trouva une lettre qui avait été déposée dans la boîte de la maison.

Cette lettre lue, comme si cette lecture eût causé un premier ébranlement à sa raison, Mme Bathory jeta un cri, s’élança dans la rue, descendit en courant vers le Stradone, le traversa, et vint frapper à la porte de l’hôtel Toronthal qui s’ouvrit aussitôt.

« L’hôtel Toronthal ?… s’écria Pierre.

— Oui ! répondit Borik, et quand je fus parvenu à rejoindre Mme Bathory, elle ne me reconnut pas !… Elle était…

— Mais pourquoi ma mère allait-elle à l’hôtel Toronthal ?… Oui !… pourquoi ? répétait Pierre, qui regardait le vieux serviteur, comme s’il eût été hors d’état de le comprendre.

— Elle voulait, sans doute, parler à monsieur Toronthal, répondit Borik, et, depuis deux jours, monsieur Toronthal avait quitté l’hôtel avec sa fille, sans que l’on sût où il était allé.

— Et cette lettre ?… cette lettre ?…

— Je n’ai pu la retrouver, monsieur Pierre, ré-