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l’apparition.

Mme Bathory s’était relevée, les yeux hagards, mais vifs encore. Puis, sans avoir rien vu, sans avoir prononcé une seule parole, elle rentra dans le marabout, où Maria la suivit, sur un signe du docteur.

Pierre était demeuré immobile, devant la porte, sans oser, sans pouvoir faire un pas !

Cependant, grâce aux soins du docteur, Borik venait de reprendre connaissance, et il s’écriait :

« Vous, monsieur Pierre !… vous !… vivant !

— Oui !… répondit Pierre, oui !… vivant !… quand il vaudrait mieux que je fusse mort ! »

En quelques mots, le docteur mit Borik au courant de ce qui s’était passé à Raguse. Puis, à son tour, le vieux serviteur fit, non sans peine, le récit de ces deux mois de misère.

« Mais, avait d’abord demandé le docteur, est-ce la mort de son fils qui a fait perdre la raison à Mme Bathory ?

— Non, monsieur, non ! » répondit Borik.

Et voici ce qu’il raconta : Mme Bathory, restée seule au monde, avait voulu quitter Raguse, et elle était allée demeurer au village de Vinticello, où elle avait encore quelques membres de sa famille. Pendant ce temps, on devait s’occuper de réaliser le peu qu’elle possédait dans