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mathias sandorf.

de trou, percé dans une muraille à demi perdue sous les herbes.

Une vieille femme, couverte d’une cape noirâtre, était assise devant cette porte.

Pierre l’avait reconnue !… Il avait poussé un cri !… C’était sa mère !… Il s’élança, il s’agenouilla devant elle, il la serra dans ses bras !… Mais elle ne répondait pas à ses caresses, elle ne semblait pas le reconnaître !

« Ma mère !… ma mère ! » s’écriait-il, pendant que le docteur, Luigi, sa sœur, se pressaient autour d’elle.

En ce moment, à l’angle de la ruine, parut un vieillard.

C’était Borik.

Tout d’abord il reconnut le docteur Antékirtt, et ses genoux fléchirent. Puis, il aperçut Pierre… Pierre, dont il avait accompagné le convoi jusqu’au cimetière de Raguse !… Ce fut trop pour lui ! Il tomba sans mouvement, pendant que ces mots s’échappaient de ses lèvres :

« Elle n’a plus sa raison. »

Ainsi, au moment où ce fils retrouvait sa mère, ce qui restait d’elle, ce n’était plus qu’un corps inerte ! Et la vue de son enfant qu’elle devait croire mort, qui reparaissait soudain à ses yeux, n’avait pas suffi à lui rendre le souvenir du passé !