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mathias sandorf.

passa entre ces villas somptueuses que les riches Tunisiens habitent pendant la saison des grandes chaleurs, et ces palais de Kérédine et de Mustapha, qui s’élèvent sur le littoral, aux abords des anciens ports de la cité carthaginoise. Il y a plus de deux mille ans, la rivale de Rome couvrait toute cette plage depuis la pointe de la Goulette jusqu’au cap qui a conservé son nom.

La chapelle de Saint-Louis, construite sur un monticule haut de deux cents pieds, s’élève à la place même où il est admis que le roi de France est mort en 1270. Elle occupe le centre d’un petit enclos, qui compte plus de débris antiques, de fragments d’architecture, de morceaux de statues, de vases, de cippes, de colonnes, de chapiteaux, de stèles, que d’arbres ou d’arbustes. En arrière se trouve le couvent des missionnaires, dont le père Delattre, savant archéologue, est actuellement le prieur. Des hauteurs de cet enclos, on domine toute la grève de sables, depuis le cap Carthage jusqu’aux premières maisons de la Goulette.

Au pied du monticule, s’élèvent quelques palais, de construction arabe, avec ces « piers » à la mode anglaise, qui profilent sur la mer leurs élégantes estacades, auxquelles peuvent accoster les embarcations de la rade. Au-delà, c’est ce golfe superbe,