Page:Verne - Mathias Sandorf, Hetzel, 1885, tome 3.djvu/139

Cette page a été validée par deux contributeurs.

133
l’apparition.

tration s’opère actuellement dans la Cyrénaïque ? En effet, il me semble reconnaître, parmi ces Arabes, plutôt des types de l’intérieur de l’Afrique que ceux de la province tunisienne !

— Mais, demanda Luigi, comment les autorités de la régence, ou tout au moins les autorités françaises, ne s’opposent-elles pas à ce débarquement d’armes et de munitions.

— À Tunis, on ne sait guère ce qui se passe sur ce revers du cap Bon, répondit le docteur, et, lorsque les Français seront maîtres de la Tunisie, il est à craindre que tout ce revers oriental des djébels leur échappe pour longtemps encore ! Quoi qu’il en soit, ce débarquement m’est très suspect, et, n’était notre vitesse qui met le Ferrato hors de ses atteintes, je pense que cette flottille n’eût pas hésité à l’attaquer. »

Si telle était la pensée des Arabes, comme le disait le docteur, il n’y avait rien à craindre en effet. Le steam-yacht, en moins d’une demi-heure, eut dépassé la petite rade de Sîdi-Yousouf. Puis, après avoir atteint l’extrémité du cap Bon, si puissamment découpé dans le massif tunisien, il doubla rapidement le phare qui éclaire sa pointe, toute hérissée de roches d’un entassement superbe.

Le Ferrato donna alors à pleine vitesse à travers