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l’apparition.

de Sîdi-Yousouf, couverte au nord par un long semis de roches.

En retour s’étend une magnifique grève de sable. Sur l’arrière se profile une succession de mamelons, couverts de petits arbustes rabougris, poussés dans un sol plus riche de pierres que d’humus. Au fond, de hautes collines se relient aux « djebels », qui forment les montagnes de l’intérieur. Çà et là, un marabout abandonné, comme une sorte de tache blanche, se perd dans la verdure des croupes lointaines. Au premier plan apparaît un petit fortin en ruines, et, plus haut, un fort en meilleur état, bâti sur le mamelon qui ferme au nord l’anse de Sîdi-Yousouf.

Cependant l’endroit n’était pas désert. Sous l’abri des roches, plusieurs navires levantins, chébecs et polacres, étaient mouillés à une demi-encablure de la côte par cinq ou six brasses. Mais, telle est la transparence de ces vertes eaux, qu’on voyait nettement le fond de pierres noires et de sable légèrement strié, sur lequel mordaient les ancres, auxquelles la réfraction donnait des formes fantastiques.

Le long de la grève, au pied de petites dunes semées de lentisques et de tamarins, un douar, composé d’une vingtaine de gourbis, montrait ses tentes de toile rayée de jaune déteint. On eût dit d’un