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l’apparition.

À ses douleurs que Pierre lui confiait, Maria ne cessait de répondre par des paroles de reconnaissance et d’espoir. Visiblement, elle sentait l’intervention de la Providence dans le fait de cette lettre qui venait d’arriver au docteur.

Ordre avait été donné d’imprimer au Ferrato son maximum de vitesse. Aussi, les appareils surchauffeurs aidant, dépassa-t-il quinze milles à l’heure en moyenne. Or, la distance entre le fond du golfe de la Sidre et le cap Bon, situé à l’extrémité nord-est de la pointe tunisienne, n’est que de mille kilomètres au plus ; puis, du cap Bon jusqu’à la Goulette, qui forme le port de Tunis, il n’y a qu’une heure et demie de traversée pour un rapide steam-yacht. En trente heures, à moins de mauvais temps ou d’accident, le Ferrato devait donc être arrivé à destination.

La mer était belle en dehors du golfe, mais le vent soufflait du nord-ouest, sans indiquer cependant une tendance à s’accroître. Le capitaine Ködrik fit porter sur le cap Bon, un peu au-dessous, afin de rencontrer plus promptement l’abri de la terre pour le cas où la brise viendrait à fraîchir. Il ne devait donc point prendre connaissance de l’île de Pantellaria, située à mi-chemin à peu près entre le cap Bon et Malte, puisqu’il avait l’intention de longer le cap d’aussi près que possible.