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mathias sandorf.

guse. Cet homme, d’origine tripolitaine, s’appelle Sarcany. Il s’est échappé au moment où vous avez été arrêté sur la route de Nice. Or voici ce que je suis chargé de vous demander : Savez-vous où est présentement cet homme, et, le sachant, voulez-vous le dire ? »

Silas Toronthal se garda bien de répondre. Si l’on voulait savoir où était Sarcany, c’était évidemment pour s’emparer de sa personne comme on s’était emparé de lui-même. Or, à quel propos ? Était-ce pour des faits communs de leur passé, et, plus spécialement, pour les machinations relatives à la conspiration de Trieste ? Mais comment ces faits étaient-ils connus, et quel homme pouvait avoir intérêt à venger le comte Mathias Sandorf et ses deux amis, morts depuis plus de quinze ans ? Voilà ce que le banquier se demanda tout d’abord. En tout cas, il avait lieu de croire qu’il n’était pas sous le coup d’une justice régulière, dont l’action menaçait de s’exercer sur son complice et sur lui, — ce qui ne pouvait que l’inquiéter davantage. Aussi, bien qu’il ne mît pas en doute que Sarcany se fût réfugié à Tétuan, dans la maison de Namir, où devait se jouer sa dernière partie, et même en un délai assez restreint, résolut-il de ne rien dire à ce sujet. Si, plus tard, son intérêt lui ordonnait de