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mathias sandorf.

— je le pense, du moins. S’il ne dit rien, c’est qu’il n’aura rien à dire. »

Ce raisonnement ne manquait pas de justesse. Très vraisemblablement, au cas où le banquier saurait en quel lieu Sarcany était allé se réfugier, il ne se croirait pas obligé à garder le silence, lorsque son propre intérêt serait de le rompre.

« Nous allons savoir aujourd’hui même à quoi nous en tenir, répondit le docteur, et, si Toronthal ne sait rien ou s’il ne veut rien dire, j’aviserai. Mais, comme il doit encore ignorer qu’il est au pouvoir du docteur Antékirtt, comme il doit ignorer aussi que Pierre Bathory est vivant, ce sera Luigi qui se chargera de l’interroger.

— Je suis entièrement à vos ordres, monsieur le docteur », répondit le jeune homme. Luigi se rendit donc au fortin et fut introduit dans la casemate qui servait de prison à Silas Toronthal.

Le banquier était assis dans un coin, près d’une table. Il venait de quitter son lit. Nul doute que son état moral ne se fût très amélioré. Ce n’était point à sa ruine qu’il songeait maintenant, ni même à Sarcany. Ce qui l’inquiétait plus directement, c’était de savoir pourquoi et en quel lieu on le détenait, et quel était le puissant personnage qui avait eu