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mathias sandorf.

Cent pas plus loin, Silas Toronthal s’arrêta enfin. Il venait de s’élancer sur une roche qui surplombait un précipice, dont le fond, à plusieurs centaines de pieds au-dessous, était battu par la mer.

Qu’allait faire Silas Toronthal ? Une idée de suicide avait-elle traversé son cerveau ? Voulait-il donc terminer sa misérable existence en se précipitant dans cet abîme ?

« Mille diables ! s’écria Pointe Pescade. Il nous le faut vivant !… Empoigne, Cap Matifou, et tiens bon ! »

Mais tous deux n’avaient pas fait vingt pas qu’ils virent un homme apparaître sur la droite du sentier, se glisser le long du talus entre les touffes de lentisques et de myrtes, et ramper de manière à atteindre la roche sur laquelle se tenait Silas Toronthal.

C’était Sarcany.

« Eh ! pardieu, s’écria Pointe Pescade, il va sans doute donner un coup de main à son associé pour l’envoyer de ce monde-ci dans l’autre !… Cap Matifou, à toi l’un… à moi l’autre ! »

Mais Sarcany s’était arrêté… Il risquait d’être reconnu…

Une dernière malédiction s’échappa de sa bouche. Puis, s’élançant sur la droite, avant que Pointe Pes-