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le dernier enjeu.

— Non !… laissez-moi !… laissez-moi !… » s’écria Silas Toronthal, dans un dernier mouvement de rage.

Et, s’il eût été de force à lutter contre Sarcany, s’il eût été armé, peut-être n’aurait-il pas hésité à se venger de tout le mal que lui avait fait son ancien agent de la Tripolitaine !

D’une main, que la colère rendait plus vigoureuse, Silas Toronthal repoussa Sarcany ; puis, il s’élança vers le dernier tournant du sentier et franchit quelques marches grossièrement taillées dans le roc, entre de petits jardins disposés en étages. Bientôt il eut atteint la rue principale de la Turbie, sur cet étroit col qui sépare la Tête de Chien du massif du mont Agel, ancienne frontière de l’Italie et de la France.

« Va donc Silas ! s’écria une dernière fois Sarcany. Va donc, mais tu n’iras pas loin ! »

Puis, se jetant sur la droite, il escalada une petite haie de pierres sèches, gravit lestement un jardin en escalier, et se porta en avant, de manière à précéder Silas Toronthal sur la route.

Pointe Pescade et Cap Matifou, s’ils n’avaient rien pu entendre de cette scène, avaient vu le banquier repousser violemment Sarcany, et Sarcany disparaître dans l’ombre.