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mathias sandorf.

pas, et, ce pas, Sarcany n’hésita pas à le franchir. Ce qu’il voulait faire sur la route de Tétuan, dans ces solitudes de la campagne marocaine, ne pouvait-il le faire, cette nuit même, en ces lieux qui seraient bientôt déserts ?

Mais, à cette heure, entre Monte-Carlo et la Turbie, il passait encore des gens attardés qui montaient ou descendaient les rampes. Un cri de Silas Toronthal aurait pu les amener à son secours, et le meurtrier voulait que le meurtre se fît dans des conditions telles qu’il ne pût jamais être soupçonné. De là, nécessité d’attendre. Plus haut, au-delà de la Turbie et de la frontière monégasque, sur cette route de la Corniche, accrochée à plus de deux mille pieds au flanc de ces premiers contreforts des Alpes maritimes, Sarcany pourrait frapper à coup sûr. Qui viendrait alors en aide à sa victime ? Comment retrouverait-on le cadavre de Silas Toronthal, au fond de ces précipices qui bordent la route ?

Cependant, une dernière fois, Sarcany voulut arrêter son complice et tenter de le ramener à Monte-Carlo.

« Viens, Silas, viens ! s’écria-t-il en le saisissant par le bras. Demain nous recommencerons !… J’ai encore quelque argent…