Page:Verne - Mathias Sandorf, Hetzel, 1885, tome 3.djvu/104

Cette page a été validée par deux contributeurs.

98
mathias sandorf.

traversa le hall, et se précipita hors du Casino. Puis, tous deux s’enfuirent à travers le square vers les sentiers qui montent à la Turbie.

Pointe Pescade était déjà sur leurs traces ; mais, en passant, il avait rejoint Cap Matifou, il l’avait arraché au banc sur lequel l’Hercule dormait d’un demi-sommeil, il lui avait crié :

« Alerte !… Des yeux et des jambes ! »

Et Cap Matifou s’était lancé avec lui sur une piste qu’il ne fallait plus perdre.

Cependant, Sarcany et Silas Toronthal continuaient à marcher l’un près de l’autre, et s’élevaient peu à peu en remontant ces sentiers tournants qui serpentent au flanc de la montagne entre les jardins couverts d’oliviers et d’orangers. Ces capricieux zig-zags permettaient à Pointe Pescade et à Cap Matifou de ne pas les perdre de vue, mais ils ne pouvaient les entendre.

« Rentrez à l’hôtel, Silas ! ne cessait de répéter Sarcany d’une voix impérieuse. Rentrez… et reprenez votre sang-froid !…

— Non !… Nous sommes ruinés !… Séparons-nous !… Je ne veux plus vous voir !… Je ne veux plus…

— Nous séparer ?… Et pourquoi ?… Vous me suivrez, Silas !… Demain, nous quitterons Mo-