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divers incidents.

Cependant, la résolution que le banquier avait prise d’entrer, coûte que coûte, en relations avec le docteur, n’en devint que plus tenace. Cette pensée l’obsédait jour et nuit. Il fallait mettre un terme à cette obsession. Par une sorte d’illusion que subissent les cerveaux surexcités, il se figurait que le calme renaîtrait en lui, s’il pouvait revoir le docteur Antékirtt, l’entretenir, connaître les motifs de son arrivée à Gravosa. Aussi cherchait-il à faire naître une occasion de le rencontrer.

Il crut l’avoir trouvée, voici à quel propos.

Depuis quelques années, Mme Toronthal souffrait d’une maladie de langueur que les médecins de Raguse étaient impuissants à combattre. Malgré leurs soins, malgré ceux dont sa fille l’entourait, Mme Toronthal, bien qu’elle ne fût point encore alitée, dépérissait visiblement. Y avait-il à cet état une cause purement morale ? Peut-être bien, mais personne n’avait pu encore la pénétrer. Seul, le banquier eût été à même de dire si sa femme, connaissant tout son passé, n’avait pas un invincible dégoût pour une existence qui ne pouvait que lui faire horreur.

Quoi qu’il en soit, l’état de santé de Mme Toronthal, à peu près abandonnée des médecins de la ville, parut être au banquier l’occasion qu’il cherchait de