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malte.

contre la misère, car leurs faibles ressources s’étaient promptement épuisées.

Mais Luigi rivalisa bientôt d’audace et d’habileté avec les Maltais, dont la réputation n’est plus à faire. Merveilleux nageur comme eux, il eût pu se mesurer avec ce fameux Nicolo Pescei, un enfant de La Vallette, qui porta, dit-on, des dépêches de Naples à Palerme, en traversant à la nage la mer Éolienne. Aussi eut-il toute facilité pour chasser ces courlis et ces pigeons sauvages, dont il faut aller chercher les nids jusqu’au fond d’inabordables grottes que le ressac de la mer rend si dangereuses. Pêcheur audacieux, jamais son canot n’avait reculé devant un coup de vent, lorsqu’il s’agissait de tendre ses filets ou ses lignes. Et c’est dans ces conditions que, la nuit précédente, il se trouvait en relâche à l’anse de Melléah, lorsqu’il entendit les signaux du steam-yacht en détresse.

Mais, à Malte, les oiseaux de mer, les poissons, les mollusques, sont si abondants que la modicité de leur prix rend la pêche peu lucrative. Malgré tout son zèle, Luigi avait bien de la peine à subvenir aux besoins du petit ménage, quoique Maria, de son côté, travaillât à quelques ouvrages de couture. Aussi avait-il fallu, pour ne pas compromettre un