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mathias sandorf.

sur siège, tandis qu’un valet de pied attendait devant le perron, abrité d’une élégante vérandah.

Presque aussitôt, un homme montait dans cette voiture, les chevaux franchissaient rapidement la cour, et la porte se refermait sur eux.

Ce personnage était celui qui, trois jours auparavant, avait accosté le docteur Antékirtt sur le quai de Gravosa : c’était l’ancien banquier de Trieste, Silas Toronthal.

Le docteur, désireux d’éviter cette rencontre, s’était reculé précipitamment, et il ne reprit sa route qu’au moment où le rapide équipage eut disparu à l’extrémité du Stradone.

« Tous deux dans cette même ville ! murmura-t-il. Ceci est la part du hasard, non la mienne ! »

Étroites, raides, mal pavées, de pauvre apparence, ces rues qui aboutissent à la gauche du Stradone ! Qu’on imagine un large fleuve, n’ayant pour tributaires que des torrents sur l’une de ses rives. Afin de trouver un peu d’air, les maisons grimpent les unes au-dessus des autres, — à se toucher. Elles ont les yeux dans les yeux, s’il est permis de nommer de cette façon les fenêtres ou lucarnes qui s’ouvrent sur leur façade. Elles montent ainsi, jusqu’à la crête de l’une des deux collines, dont les sommets sont couronnés par les forts Mincetto et