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le billet chiffré.

l’avenue de l’Acquedotto, espions qui n’étaient autres que Sarcany et Zirone. La police de Trieste avait-elle donc l’œil ouvert sur ses amis et lui, sur leurs agissements ? Le comte Sandorf pouvait le croire, il devait le craindre. Si le lieu de réunion des conspirateurs, jusqu’alors obstinément fermé à tous, semblait être suspect, quel meilleur moyen de dérouter les soupçons que de l’ouvrir, d’y admettre un commis qui ne s’y occuperait que de comptabilité ? Quant à la présence de ce commis, pourrait-elle être un danger pour Ladislas Zathmar et ses hôtes ? Non, en aucun cas. Il n’y avait plus échange de correspondances chiffrées entre Trieste et d’autres villes du royaume hongrois. Tous les papiers relatifs au mouvement projeté étaient détruits. Il ne restait aucune trace écrite de la conspiration. Les mesures étaient prises, non plus à prendre. Le comte Sandorf n’avait qu’un signal à faire, lorsque le moment en serait venu. Donc, l’introduction d’un employé dans cette maison, au cas où le gouvernement aurait eu l’éveil, était plutôt de nature à écarter tout soupçon.

Oui, sans doute, le raisonnement était juste, la précaution était bonne, si cet employé n’eût pas été Sarcany, si son répondant n’eût pas été Silas Toronthal !