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mathias sandorf.

ne reverrait jamais son courtier de la Tripolitaine, qu’il n’entendrait même plus parler de lui. En cela, il se trompait, comme en bien d’autres choses.

C’était dans la soirée du 18 mai que les deux cents florins, envoyés par Silas Toronthal avec le petit mot qui accompagnait cet argent, avaient été adressés à l’hôtel où demeuraient les deux aventuriers.

Six jours après, le 24 du même mois, Sarcany se présentait à la maison de banque, il demandait à parler à Silas Toronthal, et telle fut son insistance que celui-ci dut consentir à le recevoir.

Le banquier était dans son bureau, dont Sarcany referma soigneusement la porte, dès qu’il y eut été introduit.

« Vous encore ! s’écria tout d’abord Silas Toronthal. Que venez-vous faire ici ? Je vous ai envoyé, et pour la dernière fois, une somme qui doit vous suffire à quitter Trieste ! Vous n’aurez plus jamais rien de moi, quoi que vous puissiez dire, quoi que vous puissiez faire ! Pourquoi n’êtes-vous pas parti ? Je vous préviens que je prendrai des mesures pour empêcher vos obsessions à l’avenir ! — Que me voulez-vous ? »

Sarcany avait très froidement reçu cette bordée à laquelle il était préparé. Son attitude n’était même