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mathias sandorf.

ses soins furent pour elle ceux d’une seconde mère.

Pendant les premiers mois de son veuvage, Mathias Sandorf ne quitta pas le château d’Artenak. Il se recueillit et vécut dans les souvenirs du passé. Puis, l’idée de sa patrie, replacée dans un état d’infériorité en Europe, reprit le dessus.

En effet, la guerre franco-italienne de 1859 avait porté un coup terrible à la puissance autrichienne.

Ce coup venait d’être suivi, sept ans après, en 1866, d’un coup plus terrible encore, celui de Sadowa. Ce n’était plus seulement à l’Autriche, privée de ses possessions italiennes, c’était à l’Autriche, vaincue des deux côtés, subordonnée à l’Allemagne, que la Hongrie se sentait rivée. Les Hongrois, — c’est un sentiment qui ne se raisonne pas, puisqu’il est dans le sang, — furent humiliés en leur orgueil. Pour eux, les victoires de Custozza et de Lissa n’avaient pu compenser la défaite de Sadowa.

Le comte Sandorf, pendant l’année qui suivit, avait soigneusement étudié le terrain politique et reconnu qu’un mouvement séparatiste pourrait peut-être réussir.

Le moment d’agir était donc venu. Le 3 mai de cette année — 1867 — après avoir embrassé sa