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mathias sandorf.

à l’occasion, bon marché des torts qui n’atteignaient que lui, n’avait jamais pardonné, ne pardonnerait jamais une offense, dont ses amis auraient été victimes. Il avait au plus haut degré l’esprit de justice, la haine de tout ce qui est perfidie. De là, une sorte d’implacabilité impersonnelle. Il n’était point de ceux qui laissent à Dieu seul le soin de punir en ce monde.

Il convient de dire ici que Mathias Sandorf avait reçu une instruction très sérieuse. Au lieu de se confiner dans les loisirs que lui assurait sa fortune, il avait suivi ses goûts, qui le portaient vers les sciences physiques et les études médicales. Il eût été un médecin de grand talent, si les nécessités de la vie l’eussent obligé à soigner des malades. Il se contenta d’être un chimiste très apprécié des savants. L’université de Pesth, l’Académie des sciences de Presbourg, l’école royale des Mines de Schemnitz, l’école normale de Temeswar, l’avaient compté tour à tour parmi leurs plus assidus élèves. Cette vie studieuse compléta et solidifia ses qualités naturelles. Elle en fit un homme, dans la grande acception de ce mot. Aussi fut-il tenu pour tel par tous ceux qui le connurent, et plus particulièrement, par ses professeurs, restés ses amis, dans les diverses écoles et universités du royaume.