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le pigeon voyageur.

Les circonstances étaient donc favorables.

Sarcany prit le pigeon entre ses mains, il le réconforta généreusement d’une dernière caresse et lui donna la volée.

L’oiseau battit des ailes, mais tout d’abord descendit assez rapidement pour faire craindre qu’il ne terminât par une chute brutale sa carrière de messager aérien.

De là, un véritable cri de désappointement que le Sicilien, très émotionné, ne put retenir.

« Non ! il se relève ! » dit Sarcany.

Et, en effet, le pigeon venait de reprendre son équilibre sur la couche inférieure de l’air ; puis, faisant un crochet, il se dirigea obliquement vers le quartier nord-ouest de la ville.

Sarcany et Zirone le suivaient des yeux.

Dans le vol de cet oiseau, guidé par un merveilleux instinct, il n’y avait pas une hésitation. On sentait bien qu’il allait droit où il devait aller, — là où il eût été déjà depuis une heure, sans cette halte forcée sous les arbres du vieux cimetière.

Sarcany et son compagnon l’observaient avec une anxieuse attention. Ils se demandaient s’il n’allait pas dépasser les murs de la ville, — ce qui eût mis leurs projets à néant.

Il n’en fut rien.