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mathias sandorf.

fond de la baie. L’ombre commençait à se retirer du port en glissant à la surface des eaux. La Savarèna se trouva bientôt en pleine lumière.

Le capitaine Narsos s’approcha du docteur pour prendre ses ordres que celui-ci donna en quelques mots, non sans lui avoir préalablement souhaité le bonjour.

Un instant après, un canot se détacha du bord avec quatre hommes et un patron ; puis, il se dirigea vers le quai, où devaient l’attendre, ainsi que cela était convenu, Pointe Pescade et Cap Matifou.

Un grand jour, une grande cérémonie, dans la nomade existence de ces deux honnêtes garçons, entraînés si loin de leur pays, à quelques centaines de lieues de cette Provence qu’ils désiraient tant revoir !

Tous deux étaient sur le quai. Ayant quitté l’accoutrement de leur profession, vêtus d’habits usés mais propres, ils regardaient le yacht, l’admirant comme la veille. Ils se trouvaient dans une heureuse disposition d’esprit. Non seulement Cap Matifou et Pointe Pescade avaient soupé la veille, mais ils avaient aussi déjeuné ce matin même. Une véritable folie, qu’expliquait, après tout, une recette extraordinaire de quarante-deux florins ! Mais qu’on ne s’avise pas de croire qu’ils eussent dissipé toute