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le docteur antékirtt.

sitions furent prises pour la nuit. Une fois les fanaux d’avant et d’arrière mis en place, et les hommes de garde à leur poste, le silence le plus complet régna à bord.

Le docteur Antékirtt s’était assis sur un large divan, disposé dans l’angle de sa chambre. Sur une table il y avait quelques journaux que son domestique avait été acheter à Gravosa. Le docteur les parcourut d’un œil distrait, lisant plutôt les faits divers que les articles de fond, recherchant quels étaient les arrivages et sorties des navires, les déplacements et villégiatures des notabilités de la province. Puis, il repoussa ces journaux. Une sorte de torpeur somnolente le gagnait. Et, vers onze heures, sans même avoir pris l’aide de son valet de chambre, il se coucha ; mais il fut longtemps avant de pouvoir s’endormir.

Et si l’on eût pu lire la pensée qui l’obsédait plus particulièrement peut-être, se fût-on étonné qu’elle se résumât dans cette phrase :

« Quel est donc ce jeune homme, qui saluait Silas Toronthal sur les quais de Gravosa ? »

Le lendemain matin, vers huit heures, le docteur Antékirtt monta sur le pont. La journée promettait d’être magnifique. Le soleil allumait déjà la cime des montagnes, qui forment l’arrière plan au