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le docteur antékirtt.

aurait suffi, d’ailleurs, pour provoquer l’attention publique.

En vérité, ce yacht eût fait honneur aux plus riches, aux plus fastueux gentlemen des sports nautiques de l’Amérique, de l’Angleterre et de la France ! Ses deux mâts, droits et rapprochés du centre, — ce qui donnait un grand développement à la trinquette et à la grand-voile, — la longueur de son beaupré, gréé de deux focs, la croisure des voiles carrées qu’il portait au mât de misaine, la hardiesse de ses flèches, tout cet appareil vélique devait lui communiquer une merveilleuse vitesse, même par tous les temps. Cette goélette jaugeait trois cent cinquante tonneaux. Longue et effilée, avec beaucoup de quête et d’élancement, mais assez large de bau, assez profonde de tirant d’eau pour être assurée d’une extrême stabilité, c’était ce qu’on appelle un bâtiment marin, bien dans la main du timonier, pouvant serrer le vent à quatre quarts. Par grand largue comme au plus près, avec belle brise, elle n’était pas gênée d’enlever ses treize nœuds et demi à l’heure. Les Boadicee, les Gaetana, les Mordon du Royaume-Uni n’auraient pu lui tenir tête dans un match international.

Quant à la beauté extérieure et intérieure de ce yacht, le plus sévère yachtman n’eût pas pu ima-