Page:Verne - Mathias Sandorf, Hetzel, 1885, tome 1.djvu/269

Cette page a été validée par deux contributeurs.

261
le lancement du trabacolo.

une répulsion de toute sa personne, tandis que son regard s’allumait d’un éclair.

Cependant, le père de la jeune fille s’était approché de lui, et, fort poliment, il lui disait :

« Vous venez, monsieur, d’échapper à un grand danger, grâce au courage de cet acrobate ?

— En effet, monsieur », répondit l’étranger, dont la voix, volontairement ou non, fut altérée par une invincible émotion.

Puis, s’adressant à son interlocuteur :

« Pourrai-je vous demander, monsieur, à qui j’ai l’honneur de parler en ce moment ?

— À monsieur Silas Toronthal, de Raguse, répondit l’ancien banquier de Trieste. Et puis-je savoir, à mon tour, quel est le propriétaire de ce yacht de plaisance ?

— Le docteur Antékirtt », répondit l’étranger. Puis, tous deux, après un salut, se séparèrent, pendant qu’on entendait les hurrahs et les applaudissements retentir dans l’arène des acrobates français.

Et, ce soir-là, non seulement Cap Matifou mangea tout son content, c’est-à-dire comme quatre, mais il en resta pour un. Et ce fut assez pour le souper de son brave petit compagnon, Pointe Pescade.