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mathias sandorf.

Cinq minutes plus tard, la goélette avait pris son mouillage au milieu du port ; puis, une élégante baleinière à six avirons, déposait sur le quai le propriétaire de ce yacht.

C’était un homme de haute taille, âgé de cinquante ans, les cheveux presque blancs, barbe grisonnante taillée à l’orientale. De grands yeux noirs interrogateurs, d’une vivacité singulière, animaient sa figure un peu hâlée, aux traits réguliers et belle encore. Ce qui frappait surtout, de prime abord, c’était l’air de noblesse, de grandeur même, qui se dégageait de toute sa personne. Son vêtement de bord, un pantalon bleu foncé, un veston de même couleur à boutons métalliques, une ceinture noire qui le serrait à la taille sous le veston, son léger chapeau de toile brune, tout cela lui allait bien, et laissait deviner un corps vigoureux, d’une conformation superbe, que l’âge n’avait pas encore altérée.

Dès que ce personnage, dans lequel on sentait un homme énergique et puissant, eut mis pied à terre, il se dirigea vers les deux acrobates que la foule entourait et acclamait.

On se rangea pour lui laisser passage.

À peine arrivé près de Cap Matifou, son premier geste ne fut point pour chercher sa bourse et en tirer