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mathias sandorf.

Bientôt la goélette, à laquelle il ne restait que juste ce qu’il fallait de bordée pour enlever la dernière pointe du port, se trouva par le travers du chantier de construction.

Soudain, un cri de terreur s’éleva. Le trabacolo venait de s’ébranler. Pour une raison ou pour un autre, la clef avait manqué, et il se mettait en mouvement, au moment même où le yacht commençait à lui présenter sa joue de tribord.

La collision allait donc se produire entre les deux bâtiments. Il n’y avait plus ni le temps ni le moyen de l’empêcher. Aucune manœuvre à faire. Aux cris des spectateurs avait répondu un cri d’épouvante, que poussait l’équipage de la goélette.

Le capitaine, conservant son sang-froid, fit cependant mettre la barre dessous ; mais il était impossible que son navire s’écartât assez vite ou passât assez rapidement dans le chenal pour éviter le choc.

En effet, le trabacolo avait glissé sur sa coulisse. Une fumée blanche, développée par le frottement, tourbillonnait à son avant, et son arrière plongeait déjà dans les eaux de la baie.

Tout à coup, un homme s’élance. Il saisit une amarre qui pend à l’avant du trabacolo. Mais en vain veut-il la retenir en s’arc-boutant contre le sol