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mathias sandorf.

s’occupait guère à suivre ce pigeon dans son vol, Zirone, lui, ne le perdait pas de vue. L’oiseau venait du nord. Une longue course l’avait réduit à cet état d’épuisement. Évidemment son instinct le poussait vers un but plus éloigné. Aussi reprit-il son vol presque aussitôt, en suivant une trajectoire courbe, qui l’obligea à faire une nouvelle halte, précisément sur les basses branches de l’un des arbres du vieux cimetière.

Zirone résolut alors de s’en emparer, et, doucement, il se dirigea en rampant vers l’arbre. Bientôt il eut atteint la base d’un tronc noueux, par lequel il lui était aisé d’arriver jusqu’à la fourche. Là, il demeura, immobile, muet, dans l’attitude d’un chien, qui guette quelque gibier perché au-dessus de sa tête.

Le pigeon, ne l’ayant point aperçu, voulut alors reprendre sa course ; mais ses forces le trahirent de nouveau, et, à quelques pas de l’arbre, il retomba sur le sol.

Se précipiter d’un bond, allonger le bras, saisir l’oiseau dans sa main, ce fut l’affaire d’une seconde pour le Sicilien. Et, tout naturellement, il allait étouffer le pauvre volatile, quand il se retint, poussa un cri de surprise, et revint en toute hâte près de Sarcany.