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mathias sandorf.

ment du monde. Ainsi, dans mon intérêt, Pointe Pescade, il faut que je mange !

— Comme tu le dis, mon gros chien, et, dans le mien, il faut que je ne mange pas !

— En sorte que s’il n’y en avait que pour un ?…

— Ce serait pour toi !

— Mais s’il y en avait pour deux ?…

— Ce serait pour toi encore ! Que diable, Cap Matifou, tu vaux bien deux hommes !

— Quatre… six… dix !… » s’écria l’hercule, dont dix hommes, en effet, n’auraient point eu raison.

En laissant de côté l’emphatique exagération commune aux athlètes du monde ancien et moderne, la vérité est que Cap Matifou l’avait emporté sur tous les lutteurs qui s’étaient mesurés avec lui.

On citait de lui ces deux traits, qui prouvent sa force véritablement prodigieuse.

Un soir, à Nîmes, dans un cirque, construit en bois, une des poutres, qui soutenaient les fermes de la charpente, vint à céder. Un craquement jeta l’épouvante parmi les spectateurs, menacés d’être écrasés par la chute du toit, ou de s’écraser eux-mêmes en cherchant à sortir par les couloirs. Mais Cap Matifou était là. Il fit un bond vers la poutre déjà hors d’aplomb, et, au moment où la charpente fléchissait, il la soutint de ses robustes épaules, pen-