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mathias sandorf.

plus la chatoyante lisière de broderies, dont se relève le contour de leurs étoffes.

Mais, entre tous ces costumes ragusains que portaient avec grâce, même les marins du port, ceux des commissionnaires — corporation privilégiée — étaient de nature à attirer plus spécialement le regard. De véritables Orientaux, ces portefaix, avec turban, veste, gilet, ceinture, large pantalon turc et babouches. Ils n’auraient pas déparé les quais de Galata ou la place de Top’hané à Constantinople.

La fête était alors dans toute sa turbulence. Les baraques ne désemplissaient pas, ni sur la place ni sur les quais. Il y avait, d’ailleurs, une « attraction » supplémentaire, bien faite pour entraîner un certain nombre de curieux : c’était la mise à l’eau d’un trabacolo, sorte de bâtiment particulier à l’Adriatique, qui porte deux mâts et deux voiles à bourcet, enverguées par leur haute et basse ralingue.

Le lancement devait se faire à six heures du soir, et la coque du trabacolo, déjà débarrassée de ses accores, n’attendait plus que l’enlèvement de la clef pour glisser à la mer.

Mais jusque-là, les saltimbanques, les musiciens ambulants, les acrobates, allaient rivaliser de talent