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pescade et matifou.

étaient accourus à la fête pour y exploiter la curiosité des visiteurs, mais les campagnards et les montagnards avaient voulu prendre leur part de ces réjouissances publiques.

Les femmes s’y montraient en grand nombre, dames de la ville, paysannes des environs, pêcheuses du littoral. Aux unes, l’habillement, dont on sentait la tendance à se conformer aux dernières modes de l’Europe occidentale. Aux autres, un accoutrement qui variait avec chaque district, au moins par quelques détails, chemises blanches brodées aux bras et à la poitrine, houppelande à dessins multicolores, ceinture aux mille clous d’argent, — véritable mosaïque où les couleurs s’enchevêtrent comme un tapis de Perse, — bonnet blanc sur les cheveux tressés avec rubans de couleur, cet « okronga » surmonté du voile, qui retombe en arrière comme le puskul du turban oriental, jambières et chaussures rattachées au pied par des cordons de paille. Et, pour accompagner tout cet attifage, des bijoux, qui sous la forme de bracelets, de colliers ou de piécettes d’argent, sont agencés de cent manières, pour l’ornement du cou, des bras, de la poitrine et de la ceinture. Ces bijoux, on les eût retrouvés jusque dans l’ajustement des gens de la campagne, qui ne dédaignent pas non