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mathias sandorf.

dalmate. Là, il y a assez d’eau, même pour les bâtiments de guerre ; là, l’emplacement ne manque ni pour les cales de radoubs, ni pour les chantiers de construction ; là enfin peuvent faire escale ces grands paquebots, dont l’avenir allait doter toutes les mers du globe.

Il s’ensuit donc qu’à cette époque, la route de Raguse à Gravosa était devenue un véritable boulevard, planté de beaux arbres, bordé de villas charmantes, fréquenté par la population de la ville, où l’on comptait alors de seize à dix-sept mille habitants.

Or, ce jour-là, vers quatre heures du soir, par un bel avant-dîner de printemps, on eût pu observer que les Ragusains se portaient en grand nombre vers Gravosa.

En ce faubourg — ne peut-on appeler ainsi Gravosa, bâtie aux portes de la ville ? — il y avait une fête locale, avec jeux divers, baraques foraines, musique et danse en plein air, charlatans, acrobates et virtuoses, dont les boniments, les instruments, les chansons, faisaient grand bruit dans les rues et jusque sur les quais du port.

Pour un étranger, c’eût été l’occasion d’étudier les divers types de la race slave, mêlée à des bohémiens de toutes sortes. Non seulement ces nomades