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derniers efforts dans une dernière lutte.

Étienne Bathory et Ladislas Zathmar, à cinq heures du soir, furent passés par les armes sur la place de la forteresse. Ils moururent en hommes qui avaient fait le sacrifice de leur vie pour leur pays.

Silas Toronthal et Sarcany pouvaient se croire à l’abri de toute représaille, désormais. En effet, le secret de leur trahison n’était connu que d’eux seuls et du gouverneur de Trieste, — trahison qui leur fut payée avec la moitié des biens de Mathias Sandorf, l’autre moitié par grâce spéciale, ayant été réservée pour l’héritière du comte, quand elle aurait atteint sa dix-huitième année.

Silas Toronthal et Sarcany, insensibles à toute espèce de remords, pouvaient donc jouir en paix des richesses obtenues par leur abominable trahison.

Un autre traître, lui aussi, semblait ne plus avoir rien à craindre : c’était l’Espagnol Carpena, auquel avait été payée la prime de cinq mille florins, accordée au délateur.

Mais, si le banquier et son complice pouvaient rester à Trieste, la tête haute, puisque le secret leur avait été gardé, Carpena, lui, sous le poids de la réprobation publique, dut quitter Rovigno pour aller vivre on ne sait où. Que lui importait, d’ail-