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mathias sandorf.

de plusieurs pieds, ceux-là, dans lesquels la cheville se fût mouillée à peine.

C’était le dernier chemin qui fût encore ouvert devant Mathias Sandorf. Bien qu’il ne pût douter que la mort l’attendît au bout, il n’hésita pas à le suivre.

Le voilà donc franchissant les flaques d’eau, sautant de roche en roche ; mais alors sa silhouette se détacha plus visiblement sur le fond moins obscur de l’horizon. Aussitôt, des cris le signalèrent, et les agents se lancèrent après lui.

Le comte Sandorf était résolu, d’ailleurs à ne pas se laisser prendre vivant. Si la mer le rendait, elle ne rendrait qu’un cadavre.

Cette difficile poursuite sur des pierres glissantes ou ébranlées, sur des goémons et des varechs visqueux, à travers des flaques d’eau, où chaque pas risquait d’entraîner une chute, dura plus d’un demi-quart d’heure. Le fugitif était parvenu à conserver son avance, mais le terrain solide allait bientôt lui manquer.

En effet, il arriva sur l’une des dernières roches du récif. Deux ou trois des agents n’étaient plus qu’à dix pas de lui, les autres à une vingtaine en arrière.

Le comte Sandorf se redressa alors. Un dernier cri lui échappa, — un cri d’adieu jeté vers le ciel. Puis,