Page:Verne - Mathias Sandorf, Hetzel, 1885, tome 1.djvu/222

Cette page a été validée par deux contributeurs.

214
mathias sandorf.

siez vous embarquer, pas un sentier libre qui vous conduise à la frontière ! Partir sans moi, c’est aller à la mort !

— Suivez mon père, messieurs, ajouta Maria. Quoi qu’il puisse arriver, il ne fait que son devoir en tentant de vous sauver !

— Bien, ma fille, répondit Andréa Ferrato, ce n’est que mon devoir, en effet ! Ton frère doit nous attendre à la yole. La nuit est très noire. Avant qu’on s’en soit aperçu, nous serons en mer. Embrasse-moi, Maria, embrasse-moi, et partons ! »

Cependant, le comte Sandorf et son compagnon ne voulaient pas se rendre. Ils refusaient d’accepter un tel dévouement. Quitter cette maison à l’instant pour ne pas compromettre le pêcheur, oui ! S’embarquer sous sa conduite, quand il y allait du bagne, non !

« Viens, dit Mathias Sandorf à Étienne Bathory. Une fois hors de cette maison, il n’y aura plus à craindre que pour nous seuls ! »

Et, par la fenêtre ouverte de leur chambre, tous deux allaient se précipiter à travers le petit enclos pour gagner soit le littoral soit l’intérieur de la province, lorsque Luigi entra précipitamment.

« Les agents ! dit-il.

— Adieu ! » s’écria Mathias Sandorf.