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la maison du pêcheur ferrato.

C’était la prétention de Carpena.

En effet, depuis plusieurs mois, il poursuivait la jeune fille de ses assiduités. On le pense bien, l’intérêt l’y poussait plus que l’amour. Andréa Ferrato était dans l’aisance pour un simple pêcheur, et, relativement à l’Espagnol, qui ne possédait rien, il était riche. Rien de plus naturel, dès lors, que Carpena eût eu la pensée de devenir son gendre ; mais rien de plus naturel aussi que le pêcheur l’eût invariablement éconduit, puisqu’il ne pouvait lui convenir sous aucun rapport.

« Carpena, répondit froidement Andréa Ferrato, vous vous êtes déjà adressé à ma fille, elle vous a dit : non. Vous vous êtes déjà adressé à moi, je vous ai dit : non. Vous insistez encore aujourd’hui, et je vous répète : non, pour la dernière fois ! »

La figure de l’Espagnol se contracta violemment. Ses lèvres s’étaient relevées en laissant voir ses dents. Ses yeux avaient lancé un regard féroce. Mais la chambre mal éclairée ne permit pas à Andréa Ferrato d’observer cette physionomie méchante.

« C’est votre dernier mot ? demanda Carpena.

— C’est mon dernier mot, si c’est pour la dernière fois que vous refaites cette demande, répondit le pêcheur. Mais si vous la renouvelez, vous aurez la même réponse !