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la maison du pêcheur ferrato.

il avait dû s’expatrier. Plusieurs querelles avec ses camarades des salines, menaces à l’un et à l’autre, rixes qui s’en étaient suivies, tout cela n’avait pu lui constituer une bonne réputation. On le tenait volontiers à l’écart.

Cependant, Carpena n’avait point triste opinion de lui-même ni de sa personne. Loin de là. C’est ce qui explique — et on verra à quel propos — pourquoi il avait essayé d’entrer en relation avec Andréa Ferrato. Le pêcheur, il faut l’avouer, l’avait assez mal reçu dès ses premières ouvertures. Cela se comprendra, lorsque les prétentions de cet homme auront été dévoilées dans la conversation qui va suivre.

Carpena avait à peine fait un pas dans la salle, qu’Andréa Ferrato l’arrêtait en lui disant :

« Que venez-vous faire ici ?

— Je passais, et comme j’ai aperçu de la lumière chez vous, je suis entré.

— Et pourquoi ?

— Pour vous rendre visite, mon voisin.

— Vos visites ne me plaisent pas, vous le savez !

— Ordinairement, répondit l’Espagnol, mais aujourd’hui, ce sera peut-être différent. »

Andréa Ferrato ne comprit pas et ne pouvait deviner ce que ces paroles, assez énigmatiques,