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la maison du pêcheur ferrato.

D’ailleurs, plusieurs de ses voisins vinrent causer familièrement avec lui, pendant l’après-midi, à propos de pêche et de l’apparition des thonines sur les parages de l’Istrie. Andréa Ferrato les reçut dans la salle commune et leur offrit à boire, suivant la coutume.

La plus grande partie du jour se passa ainsi, en allées et venues, en conversations. Quelquefois il fut question des prisonniers en fuite. Le bruit courut même un instant qu’ils venaient d’être pris du côté du canal de Quarnero, sur la côte opposée de l’Istrie, — bruit qui fut démenti peu après.

Tout semblait donc aller pour le mieux. Que le littoral fût surveillé avec plus de soin qu’à l’ordinaire, soit par les préposés de la douane, soit par les agents de la police ou les gendarmes, cela était certain ; mais, sans doute, il ne serait pas difficile de tromper cette surveillance, une fois la nuit venue. L’embargo, on le sait, n’avait été mis que sur les navires de long cours ou les caboteurs de la Méditerranée, non sur les barques de pêche qui restent sur le littoral. L’appareillage de la balancelle pourrait donc se faire en dehors de tout soupçon.

Toutefois, Andréa Ferrato avait compté sans une visite qu’il reçut vers les six heures du soir. Cette visite le surprit d’abord, si elle ne l’inquiéta pas