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la maison du pêcheur ferrato.

dans leur chambre, pendant que Maria continuait à travailler devant la maison.

« Monsieur le comte, dit le pêcheur, le vent vient de terre, et je ne pense pas que la mer soit mauvaise cette nuit. Or, le moyen le plus simple, et par conséquent le meilleur pour fuir sans laisser de traces, c’est de vous embarquer avec moi. Si vous vous décidez, le mieux sera de partir ce soir, vers dix heures. À ce moment, vous vous glisserez entre les roches jusqu’à la lisière du ressac. Personne ne vous verra. Ma yole vous conduira à la balancelle, et aussitôt nous prendrons la mer, sans éveiller l’attention, puisqu’on sait que je dois sortir cette nuit. Si la brise fraîchit trop, je longerai le littoral, de manière à vous débarquer au-delà de la frontière autrichienne, en dehors des bouches de Cattaro.

— Et si elle ne fraîchit pas, demanda le comte Sandorf, que comptez-vous faire ?

— Nous gagnerons le large, répondit le pêcheur, nous traverserons l’Adriatique, et je vous débarquerai du côté de Rimini ou à l’embouchure du Pô.

— Votre embarcation peut-elle suffire à cette traversée ? demanda Étienne Bathory.

— Oui ! C’est un bon bateau, à demi ponté, que mon fils et moi, nous avons éprouvé déjà par de