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la maison du pêcheur ferrato.

faut rien changer à nos habitudes. D’ailleurs, j’ai besoin de reconnaître quel est l’état du ciel avant de me décider. Veuillez rester dans cette chambre. Ne la quittez sous aucun prétexte. Au besoin, afin de moins éveiller les soupçons, ouvrez-en la fenêtre qui donne sur l’enclos, mais demeurez au fond et ne vous montrez pas. Je reviendrai dans une heure ou deux. »

Cela dit, Andréa Ferrato quitta la maison avec son fils, laissant Maria vaquer à ses travaux accoutumés devant la porte.

Quelques pêcheurs allaient et venaient le long de la grève. Andréa Ferrato voulut, par précaution, échanger divers propos avec eux, avant d’aller étendre ses filets sur le sable.

« Un vent d’est bien établi, dit l’un d’eux.

— Oui, répondit Andréa Ferrato, l’orage d’avant-hier a rudement nettoyé l’horizon.

— Hum ! ajouta un autre, la brise pourrait bien fraîchir avec le soir et tourner à la rafale, si la bora s’en mêle !

— Bon ! ce sera toujours un vent de terre, et la mer ne sera jamais dure entre les roches !

— Il faudra voir !

— Iras-tu pêcher cette nuit, Andréa ?

— Sans doute, si le temps le permet.