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mathias sandorf.

— C’est une circonstance fâcheuse, reprit Andréa Ferrato ; mais l’important est qu’on ait perdu vos traces, et, d’ailleurs, dans le cas où l’on soupçonnerait que vous vous êtes réfugiés dans ma maison, je pense que vous n’auriez aucune délation à craindre. Les vœux sont pour vous dans tout le pays de Rovigno !

— Oui, répondit le comte Sandorf, et je n’en suis pas surpris. C’est une brave population que la population de ces provinces ! Cependant, il faut compter avec les autorités autrichiennes, et elles ne reculeront devant rien pour tenter de nous reprendre !

— Ce qui doit vous rassurer, messieurs, reprit le pêcheur, c’est l’opinion à peu près générale où l’on est que vous avez déjà pu passer de l’autre côté de l’Adriatique.

— Et plût à Dieu que ce fût ! ajouta Maria, qui avait joint les mains comme dans une prière.

— Cela sera, ma chère enfant, répondit le comte Sandorf avec l’accent de la plus entière confiance, cela sera avec l’aide du Ciel…

— Et la mienne, monsieur le comte ! répliqua Andréa Ferrato. Maintenant, je vais aller à mes occupations comme à l’ordinaire. On est habitué à nous voir, Luigi et moi, raccommodant nos filets sur la grève ou nettoyant notre balancelle, et il ne