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mathias sandorf.

autre point de l’Istrie, ou même s’enfuir au-delà de la frontière autrichienne ? Tout portait à le croire.

« Bon ! disait-on, ce seront toujours cinq mille florins d’épargnés pour le trésor.

— Un argent qui pourra être mieux employé qu’à payer d’odieuses dénonciations !

— Oui, et puissent-ils s’échapper !

— S’échapper !… C’est fait, allez !… Et ils sont déjà en sûreté de l’autre côté de l’Adriatique ! »

D’après ces propos, qui se tenaient dans la plupart des groupes de paysans, d’ouvriers et de bourgeois, arrêtés devant les placards, l’opinion publique, on le voit, se déclarait plutôt en faveur des condamnés, — du moins parmi ces citoyens de l’Istrie, Slaves ou Italiens d’origine. Les fonctionnaires autrichiens ne pouvaient donc guère compter sur une dénonciation de leur part. Aussi ne négligeaient-ils rien pour retrouver les fugitifs. Toutes les escouades de police et les brigades de gendarmerie étaient sur pied, depuis la veille, et un incessant échange de dépêches se faisait entre Rovigno, Pisino et Trieste.

Lorsque Andréa Ferrato rentra chez lui, vers onze heures, il rapporta ces nouvelles, qui étaient plutôt bonnes que mauvaises.