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mathias sandorf.

la grève, permettait d’aller la rejoindre. Derrière la maison s’étendait un enclos d’un demi-arpent, dans lequel poussaient quelques légumes au milieu des mûriers, des oliviers et des vignes. Une haie le séparait d’un ruisseau, large de cinq à six pieds, et en formait la lisière sur la campagne.

Telle était cette humble mais hospitalière demeure, où la providence avait conduit les fugitifs, tel était l’hôte qui risquait sa liberté pour leur donner asile.

Dès que la porte se fut refermée sur eux, le comte Sandorf et Étienne Bathory examinèrent la chambre dans laquelle le pêcheur les avait reçus tout d’abord.

C’était la salle principale de la maison, garnie de quelques meubles très proprement entretenus, qui indiquaient le goût et l’assiduité d’une soigneuse ménagère.

« Avant tout, il faut manger ? dit Andréa Ferrato.

— Oui, nous mourons de faim ! répondit le comte Sandorf. Depuis douze heures, nous sommes privés de nourriture !

— Tu entends, Maria ? » reprit le pêcheur.

En un instant, Maria eut déposé sur la table un peu de porc salé, du poisson bouilli, du pain, une fiasque de vin du pays, du raisin sec, avec deux