Page:Verne - Mathias Sandorf, Hetzel, 1885, tome 1.djvu/197

Cette page a été validée par deux contributeurs.

189
la maison du pêcheur ferrato.

pas hésité à leur dire : « Entrez ! » ajoutant en lui-même : « Et que Dieu nous protège tous ! »

Cependant, l’escouade de police avait passé devant la porte d’Andréa Ferrato, sans s’y arrêter. Le comte Sandorf et Étienne Bathory pouvaient donc se croire en sûreté, au moins pour quelques heures de nuit, dans la maison du pêcheur corse.

Cette maison était bâtie, non dans la ville, mais à cinq cents pas des murs, au-delà du port, sur une assise de roches qui dominait la grève. Au-delà, à moins d’une encablure, la mer, brisée contre les écueils du littoral, n’avait d’autres limites qu’un lointain horizon de ciel. Vers le sud-ouest, se projetait en s’arrondissant le promontoire, dont la courbure ferme la petite rade de Rovigno sur l’Adriatique.

Un rez-de-chaussée, composé de quatre chambres, deux sur la façade, deux en arrière, un appentis en voliges, où l’on déposait ses engins de pêche, formaient toute la demeure d’Andréa Ferrato. Son embarcation, c’était une simple balancelle à poupe carrée, de trente pieds de longueur, qui gréait une grande antenne avec un foc, — genre de bateau très favorable aux pêches à la drague. Quand il ne s’en servait pas, elle était mouillée en dedans et à l’abri des roches, où une petite yole, mise au sec sur