Page:Verne - Mathias Sandorf, Hetzel, 1885, tome 1.djvu/188

Cette page a été validée par deux contributeurs.

180
mathias sandorf.

quelque pêcheur du littoral à les conduire sur le rivage italien. Aussi ce parti fut-il adopté.

C’est pourquoi, vers huit heures et demie, dès que la nuit fut assez sombre, Mathias Sandorf et son compagnon, après avoir quitté la ferme en ruines, se dirigèrent vers l’ouest, de manière à gagner la côte de l’Adriatique. Et tout d’abord, ils furent obligés de descendre la route pour ne pas s’enliser dans les marais de Lème.

Cependant, suivre cette route inconnue, n’était-ce pas arriver à la ville qu’elle mettait en communication avec le cœur de l’Istrie ? N’était-ce pas courir au devant des plus grands dangers ? Sans doute, mais le moyen d’agir autrement !

Vers neuf heures et demie, la silhouette d’une ville se dessina très vaguement à un quart de mille dans l’ombre, et il eût été malaisé de la reconnaître.

C’était un amoncellement de maisons, lourdement étagées sur un énorme massif rocheux, dominant la mer, au-dessus d’un port qui se creusait dans un rentrant de la côte. Le tout surmonté d’un haut campanile, dressé comme un style énorme, auquel l’obscurité donnait des proportions exagérées.

Mathias Sandorf était bien résolu à ne point