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le torrent de la foïba.

— Vous me l’apprenez !

— Va », dit le brigadier.

La communication faite par l’Espagnol eut tout d’abord pour effet d’éloigner les gendarmes. Le brigadier ordonna à ses hommes de se remettre en selle, et, bien que la nuit fût déjà arrivée, il partit afin d’aller fouiller plus soigneusement les rives du canal de Lème. Quant à Carpena, il reprit aussitôt le chemin de la ville, se disant qu’avec un peu de chance, la capture des fugitifs pourrait bien lui valoir une bonne prime, dont les biens du comte Sandorf feraient tous les frais.

Cependant, Mathias Sandorf et Étienne Bathory restèrent cachés quelque temps encore, avant de quitter l’obscur cellier qui leur servait de refuge. Ils réfléchissaient à ceci : c’est que la gendarmerie était à leurs trousses, qu’ils avaient été vus et pouvaient être reconnus, que les provinces istriennes ne leur offraient plus aucune sécurité. Donc, il fallait abandonner ce pays dans le plus bref délai, pour passer, soit en Italie, de l’autre côté de l’Adriatique, soit à travers la Dalmatie et les confins militaires au-delà de la frontière autrichienne.

Le premier parti offrait le plus de chances de succès, à la condition, toutefois, que les fugitifs pussent s’emparer d’une embarcation, ou décider