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le torrent de la foïba.

deux hommes et lui, les tuer ou se faire tuer, c’est à cela qu’ils étaient résolus.

En cet instant, le brigadier fut appelé du dehors, et il quitta le cellier, sans y avoir rien vu de suspect. Les quatre gendarmes, envoyés à la découverte, venaient de revenir à la ferme. Malgré toute leur diligence, ils n’avaient pas trouvé trace des fugitifs dans toute cette région comprise entre la route, le littoral et le canal de Lème. Mais ils ne revenaient pas seuls. Un homme les accompagnait.

C’était un Espagnol, qui travaillait habituellement aux salines du voisinage. Il retournait vers la ville, lorsque les gendarmes l’avaient rencontré. Comme il leur dit qu’il avait couru le pays entre la ville et les salines, ils résolurent de le conduire au brigadier pour le faire interroger. Cet homme ne se refusa point à les suivre.

Une fois en présence du brigadier, celui-ci lui demanda si, dans ces salines, les paludiers n’avaient pas remarqué la présence de deux étrangers.

« Non, brigadier, répondit cet homme ; mais, ce matin, une heure après avoir quitté la ville, j’ai aperçu deux hommes qui venaient de prendre pied sur la pointe du canal de Lème.

— Deux hommes, dis-tu ? demanda le brigadier.

— Oui, mais, comme dans le pays, on croyait que