Page:Verne - Mathias Sandorf, Hetzel, 1885, tome 1.djvu/179

Cette page a été validée par deux contributeurs.

171
le torrent de la foïba.

bijoux, médailles, boucles d’oreilles, croix pectorales, filigranes et pendeloques, qui ornent le costume ordinaire chez les deux sexes. Quant aux paludiers, plus simplement habillés, le sac au dos, le bâton à la main, ils se rendaient aux salines du voisinage, et peut-être même jusqu’aux importantes exploitations de Stagnon ou de Pirano, dans l’ouest de la province.

Quelques-uns, en arrivant devant la ferme abandonnée, s’y arrêtèrent un instant, s’assirent même sur le seuil de la porte. Ils causaient, à voix haute, non sans une certaine animation, mais uniquement des choses qui se rapportaient à leur commerce.

Les deux fugitifs, accotés dans un coin, écoutaient. Peut-être ces gens avaient-ils déjà connaissance de l’évasion et en parleraient-ils ? Peut-être aussi diraient-ils quelques mots qui apprendraient au comte Sandorf en quel endroit de l’Istrie son compagnon et lui se trouvaient alors ?

Aucune parole ne fut échangée à ce sujet, il fallut toujours s’en tenir à de simples conjectures.

« Puisque les gens du pays ne disent rien de notre évasion, fit observer Mathias Sandorf, on peut en conclure qu’elle n’est pas encore venue à leur connaissance !

— Cela tendrait à prouver, répondit Étienne Ba-