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mathias sandorf.

solument sèche, indiquait que toutes les violences de ce cours d’eau n’étaient dues qu’à une crue momentanée, produite par les dernières pluies. En temps ordinaire, ce lit de la Foïba ne devait être qu’une ravine.

D’ailleurs, il n’y avait pas à craindre que le tronc d’arbre fût jeté sur ces roches. Il les évitait de lui-même, rien qu’en suivant le fil du courant, qui les contournait. Mais aussi, il eût été impossible de l’en faire sortir ni d’enrayer sa vitesse, pour accoster un point quelconque des rives, dans le cas où un débarquement aurait été praticable.

Une heure encore se passa, dans ces conditions, sans qu’il y eût à se préoccuper d’un danger immédiat. Les derniers éclairs venaient de s’éteindre à travers l’espace. Au loin, le météore orageux ne se manifestait plus que par de sourds roulements que répercutaient les hauts nuages, dont les longues strates rayaient l’horizon. Déjà le jour s’accentuait et blanchissait l’azur purifié par les rafales de la nuit. Il devait être environ quatre heures du matin.

Étienne Bathory, à demi relevé, reposait entre les bras du comte Sandorf, qui veillait pour tous deux.

En ce moment, une détonation lointaine se fit entendre dans la direction du sud-ouest.