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le torrent de la foïba.

maintint son compagnon, au moment où il allait être emporté. Puis, il se laissa couler avec lui dans la masse des eaux, qui se brisaient alors contre la voûte.

Cela dura près d’une minute. Mathias Sandorf eut le sentiment qu’il était perdu. Instinctivement, il retint sa respiration, afin de ménager le peu d’air que renfermait encore sa poitrine.

Soudain, à travers la masse liquide, bien que ses paupières fussent closes, il eut l’impression d’une assez vive lueur. Un éclair venait de jaillir, qui fut immédiatement suivi du fracas de la foudre.

Enfin, c’était la lumière !

En effet, la Foïba, sortie de ce sombre canal, avait repris son cours à ciel ouvert. Mais vers quel point du littoral se dirigeait-elle ? Sur quelle mer se découpait son embouchure ? C’était toujours l’insoluble question, — question de vie ou de mort.

Le tronc d’arbre avait remonté à la surface. Étienne Bathory était toujours tenu par Mathias Sandorf, qui, par un vigoureux effort, parvint à le rehisser sur l’épave et à reprendre sa place en arrière.

Puis, il regarda devant lui, autour de lui, au-dessus de lui.

Une masse sombre commençait à s’effacer en